Dépister pour sauver, zoom sur le cancer du sein
Dépister pour sauver, c’est mettre toutes les chances de son côté pour lutter contre le cancer du sein. En 2023, le cancer du sein en France a dépassé la barre des 60.000 cas. Cela représente une augmentation de 0.3% entre 2010 et 2023. Bien que le taux de mortalité soit en baisse depuis 1990, le taux d’incidence du cancer du sein continue d’augmenter. Ce dernier représente aujourd’hui 33% des cas de cancers chez la femme, en tête devant le cancer colorectal et le cancer du poumon, et demeure le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez cette population. Afin de limiter le nombre de cas et assurer une prise en charge précoce, les professionnels de santé encouragent les femmes à se faire dépister tous les deux ans, dès l’âge de 50 ans.
Le cancer du sein en quelques chiffres
Le nombre de décès lié au cancer du sein s’élève à environ 12 100 en 2023 en France. Ce sont au total 61.214 cas de cancer du sein qui ont été détectés la même année. Comme l’illustre le graphique ci-contre, publié par l’Institut National du Cancer dans la brochure Panorama des cancers en France, le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les femmes.
A noter que chez les hommes, ce cancer est plus rare, bien qu’il ne soit pas inexistant. Il toucherait moins d’1% d’entre eux ; le cancer de la prostate reste le cancer le plus fréquent.
Source : Panorama des Cancers en France, Institut National du Cancer, page 6
Pourquoi se faire dépister ?
L’intérêt du dépistage est multiple. Il permet avant tout d’améliorer les chances de guérison des patientes en agissant dès l’apparition des premiers symptômes. En effet, certains signes évocateurs doivent alerter les femmes et les amener à consulter un professionnel de santé en cas de doute.
Se faire dépister c’est permettre de détecter à un stade avancé d’éventuelles lésions précancéreuses ou toute autre anomalie mammaire, même sans présence de symptômes. Pour les femmes qui présentent des facteurs de risque (âge, antécédents familiaux, prédispositions génétiques, surpoids, consommation d’alcool et/ou de tabac, etc.), le dépistage est primordial. Il permet d’évaluer avec beaucoup de précision les risques de développer un cancer et si celui-ci apparaît, de suivre son évolution de très près.
Les dépistages actuels permettent également d’adapter le traitement à la gravité du cancer en évaluant le stade de la maladie. Un médecin oncologue pourra ensuite proposer la mise en place d’une chimiothérapie, d’une radiothérapie, d’une ablation chirurgicale ou d’un autre traitement anticancéreux en fonction du type de cancer et de sa vitesse de propagation.
Dépister pour sauver : les méthodes
Dépistage individuel
Celui-ci permet un diagnostic ciblé pour les femmes ayant des facteurs de risque ou qui, suite à une autopalpation, ont découvert des changements anormaux sur leur poitrine. Le dépistage individuel est prescrit au cours d’une consultation chez un médecin qui fournit à la patiente une ordonnance médicale pour se faire dépister. Les professionnels de santé jugent les patientes au cas par cas afin de choisir les modalités de dépistage les plus adaptées à leur profil.
Un examen clinique annuel est par ailleurs vivement recommandé aux femmes dès l’âge de 25 ans. Cet examen peut être effectué lors d’une consultation chez une sage-femme ou un gynécologue. Cette surveillance mammaire est cruciale dans la mesure où elle permet de déceler une éventuelle anomalie : lésions, présence de boules ou grosseurs, modification de l’aspect de la peau recouvrant le sein, écoulement suspect du mamelon, etc.
Conseil: Si vous avez l’intention de vous faire dépister, évitez la période prémenstruelle durant laquelle les seins sont parfois plus sensibles. La mammographie pourrait être plus douloureuse.
Dépistage organisé
Le dispositif de dépistage organisé fut instauré en France en 1989. Tous les deux ans, toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans reçoivent une lettre ou un mail de la part de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie les invitant à prendre part au dépistage organisé national. Celui-ci est entièrement pris en charge par la sécurité sociale, les patientes n’ont rien à débourser pour les différents examens qu’elles doivent passer. Il est à noter que les femmes présentant un risque « élevé » ou « très élevé » de cancer du sein sont exemptes de ce programme ; celles-ci bénéficient d’un suivi et d’une surveillance plus spécifique.
Dans cette lettre d’invitation figure une liste des radiologues agréés. L’examen se déroule en deux étapes, il consiste en une mammographie et un examen clinique. Les clichés qui sont réalisés sont soumis à une seconde lecture qui est effectuée par un deuxième radiologue.
En revanche, malgré la gratuité de ce dépistage, encore trop peu de femmes l’effectuent chaque année. Le taux national de participation reste inférieur à 50%, malgré une légère hausse : « 47,7 % pour la période 2021-2022, contre 46,6 % pour la période 2020-2021 » (Institut National du Cancer).
En résumé
- Première étape : Réception d’une lettre ou d’un mail de la part de la CPAM
- Deuxième étape : Prise de rendez-vous chez un radiologue agréé en ligne à l’adresse suivante : https://jefaismondepistage.e-cancer.fr/
- Troisième étape : Mammographie et examen clinique.
- Quatrième étape (deux possibilités) :
- Pas d’anomalie particulière suite à la mammographie: celle-ci bénéficie d’une deuxième lecture par un autre expert
- Si une anomalie est détectée : un bilan diagnostique est effectué permettant à la patiente d’être prise en charge plus rapidement
Toutes les informations détaillées sont consultables en ligne, sur le site de e-cancer.
Bon à savoir : Deux autres cancers font l’objet d’un dépistage organisé, à savoir : le cancer colorectal (2008) et le cancer du col de l’utérus (2018).
Taux de guérison
Face au cancer du sein, les chances de guérison augmentent. Grâce aux avancées scientifiques et à l’amélioration des techniques de dépistage, le taux de survie s’élève à 88% en 2015, ce qui représente une augmentation de 9 points de pourcentage par rapport à 2010 (Panorama des cancers)
Aussi, le taux de mortalité lié au cancer du sein a diminué d’1.6% entre 2010 et 2018. L’Institut National du Cancer explique que cela est lié « en partie à la précocité des diagnostics, ainsi qu’aux progrès de la prise en charge thérapeutique ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes ; le programme du dépistage organisé en France a permis de détecter 40 120 cancers en 2017-2018.
Source : Panorama des cancers en France, page 8
Conclusion
Face à l’augmentation du nombre de cancers en France, la prévention demeure une priorité. Elle possède un rôle crucial puisqu’elle augmente les chances de guérison grâce à la mise en place d’un diagnostic précoce. Outre le dépistage, les évolutions techniques participent également à la diminution du taux de mortalité de cancer du sein chez la femme. Parmi elles, l’intelligence artificielle revêt un caractère novateur dans le domaine de la cancérologie. Restez connectés, je vous en parlerai bientôt dans un prochain article !
Au plaisir de vous retrouver,
Jil ROGER